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EXPOSITION PASSÉE

MESSE POUR LE TEMPS PRÉSENT, VARIATIONS

Group show: Hélène Jayet, Dimitri Fagbohoun, M'barka Amor, 

François Réau, Clay Apenouvon

Sur une proposition de Charlotte Lidon

Du 23 juin au 5 septembre 2020 (hors mois d'août)

Messe pour le temps présent, Variations

Par Charlotte Lidon

« Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous nous rappelons le passé, pour l’arrêter comme trop prompt : si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul temps qui nous appartient ; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont plus rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste » [1].

L’exposition Messe pour le temps présent, Variations, regroupe les réflexions de cinq artistes plasticiens, issus en partie des diasporas africaines. A travers leurs regards et leurs parcours, M’barka Amor, Clay Apenouvon, Dimitri Fagbohoun, Hélène Jayet et François Réau nous livrent ici leur représentation singulière du monde actuel. 

 

L’exposition est un hommage au ballet emblématique de Maurice Béjart présenté en 1967 à l’intérieur de l’enceinte du palais des Papes en Avignon. Les artistes ont été libres de s’emparer et de se nourrir des neuf thèmes qui forment les neuf actes du ballet, sorte de liturgie terrestre, de radiographie de l’homme, conçu comme une « cérémonie » collective reflétant la vie contemporaine de l’époque :

 

« le souffle, le corps, le monde, la danse, le couple,

"Mein Kampf", la nuit, le silence, l’attente »

Des thèmes universels que Béjart en son temps avait abordés librement, sans lecture linéaire, laissant le spectateur créer son propre cheminement vers une compréhension plus intime et personnelle de la pièce. Première œuvre dansée du Festival d’Avignon en 1966, le ballet fit l’effet d’une bombe. Il devint mythique, tant pour sa chorégraphie que pour la musique concrète du compositeur Pierre Henry. 

 

Le choix de ce ballet s’est également imposé en raison de l’ascendance africaine de son auteur dont la famille était originaire de Saint Louis du Sénégal, nous permettant d’aborder en filigrane la question identitaire que les neuf thèmes semblent a priori laisser de côté.

S’il est vrai que l’exposition avait été pensée bien avant la crise sanitaire de ces derniers mois, il est évident que ces semaines de confinement, vécues collégialement partout dans le monde, auront influencé la lecture de l’œuvre de Béjart dans l’esprit des artistes. 

Ainsi nourris, ils ont été invités à entrer en résonance avec les préoccupations de notre monde malmené et à témoigner des problématiques sociétales, économiques, politiques qui les habitent. 

Citation littérale au ballet et hommage au mouvement perpétuel de la vie, le travail de Clay Apenouvon se joue des matières aux travers de ses dernières danses plastiques. Hélène Jayet, photographe, troque son appareil pour le crayon et s’approprie les pixels, les redimensionne, les lie les uns aux autres de manière dense ou espacée, dessinant l’image qu’elle souhaite voir apparaître, en lien direct avec le moment présent. M’barka Amor développe une série de photographie à l’intimité indiscrète. Avec cet hymne au corps et au geste qu’elle place au cœur de sa pratique artistique, l’artiste performeuse se fond progressivement dans la masse (blanche) de l’indifférence généralisée et attire notre regard sur elle.

Dimitri Fagbohoun quant à lui, poursuit ses recherches sur l’immatériel et le spirituel qui co-existent à ses yeux en toute chose. Il continue de développer son exploration plastique de la déesse Erzulie à travers les diverses représentations qu’il s’en fait. Enfin, l’artiste François Réau se nourrit des mots qu’il explore à travers le trait puissant du graphite, les densités des gris et des noirs. Ses dessins, puissants, racontent la nuit, le silence, l’attente et le temps qui passe. 

Tous ont puisé au plus profond d’eux-mêmes pour explorer ce qui les a animés en ce premier semestre de l’année 2020, et s’interroger sur ce qui les animera demain ; ainsi les mots de Pascal résonnent aujourd’hui avec encore plus de puissance : 

« C’est que le présent d’ordinaire nous blesse. Nous le cachons à notre vue, parce qu’il nous afflige ; et s’il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par l’avenir, et pensons à disposer des choses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où vous n’avez aucune assurance d’arriver » [2].

[1] & [2]:Blaise Pascal, Pensées, fragment 172, 1670

 

À propos

 

Catalogue

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